Identités et groupes

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Le besoin d'identité

Au plus profond de l'espèce, le besoin d'identité est un moteur omniprésent. L'HS a besoin de se définir comme membre d'un groupe, et a contrario il a besoin de définir comme autres les groupes dont il se sait ou se veut différent.

Le propre de l'homme

L'HS se plait ainsi à se savoir différent des animaux, et il trouve de nombreux critères établissant son caractère unique (et supérieur). C'est ce que l'on appelle communément le 'propre de l'homme'.

Le mot propre dans 'propre de l'homme' vient du latin, et n'a rien à voir avec le propreté ou la salissure. Il n'a donc jamais été question de chercher le 'sale de l'homme', mais du point de vue de certaines espèces victimes des HS, cela pourrait se discuter.

De tous temps, il a été considéré comme une mesure de bonne éducation de cultiver cette différence. Les religions monothéistes, en particulier, soulignent le caractère unique de l'homme, qui est d'être l'interlocuteur privilégié du dieu, et il est considéré impie de vouloir ramener l'homme au statut de membre standard de l'arbre de la vie.

Sur ce point, les bouddhistes sont bien loin des religions monothéistes.

De même, le propre de l'homme inclut un certains nombres de propriétés exceptionnelles qui sont niées au robots et aux machines. Les émotions, l'imagination et la conscience sont déclarées hors des portée des intelligences artificielles.

Certains ont observé que la construction de l'intelligence artificielle est un défi majeur. Mais on peut aussi penser que le vrai défi serait de bâtir des formes de bêtise artificielle, incluant des erreurs et des confusions, mais aussi des manies, des obsessions, des tropismes et aversions déraisonnables... Que donnerait un programme visant à produire des comportements de ce genre? L'intelligence ne jaillirait-elle pas en écho de la bêtise ? Ou bien les deux ne seraient-il pas les deux facettes indispensables d'un même moteur?

Identités intra-spécifique

Mais le besoin d'identité de l'homme ne se limite pas à l'appartenance à une espèce, à l'exclusion des autres espèces.Dans le cas des HS, il existe également un zèle tout particulier à se construire une identité via des appartenances à toutes sortes de groupes définis à l'intérieur de l'espèce. A l'identité inter-spécifique s'ajoutent donc des identités-groupes intra-spécifiques:

  • groupes ethniques, races
  • blocs religieux
  • nations
  • individus ayant la même formation ou le même métier
  • groupements politiques et idéologiques
  • groupes sportifs et culturels
  • groupes ayant des habitudes sexuelles ou sociales définies

Si l'on demande à un individu de s'identifier, il donnera un nom, mais spontanément il se définira par les groupes auxquels il se sent appartenir, Et a fortiori un individu à qui il est demandé de se présenter sera tenu de citer les groupes auxquels il déclare appartenir.

Parmi les groupes auxquels s'identifie un individu, certains sont le résultat de choix opérés au cours de l avie, tandis que d'autres sont des prédéterminations fixées à la naissance. L'appartenance ethnique serait dans cette catégorie des groupes prédéterminés, tandis que l'on constate avec surprise que les blocs religieux sont également, dans la majorité des cas, des prédéterminations de naissance.

Binaire et flou

Une caractéristique remarquable du système d'identité par groupe est son caractère binaire. Ou bien on en fait partie ou bien non. Catholique? Islamiste? Black? Homosexuel? Européen? Aryen? Juif? La clé de la définition d'un groupe est que tout individu en est membre, ou alors il en est exclu.

L'alternative en logique floue est d'admettre qu'entre tout 'groupe' et tout 'individu', il existe une relation d'appartenance floue. Suis-je européen? A 80%... Es-tu blanche? A 40%... Est-il musulman? A 20%... etc...

L'identité force destructrice

Ce thème des identités exclusives et binaire a été largement développé par exemple dans "Les identités meurtrières" par Amin Maalouf. Il y est décrit, avec forces exemples et une belle lucidité, que les conflits entre humains ne sont possibles que lorsque les identités binaires sont exarcerbées, en particulier pour des groupes nationaux et religieux. Les meneurs qui alimentent les conflits et s'en nourrissent ont pour méthode de bien définir le groupe dominant, de cerner les membres de ce groupe, et de cerner les autres, ceux qui en sont d'office exclus. Ces meneurs font miroiter à  leurs auditeurs les vertus du groupe dominant, et plus encore les différences et infériorités des autres.

Bien entendu, la conclusion de cette analyse est que les guerres et les conflits seraient bien plus difficiles à déclencher ou à entretenir si les HS ne se laissaient pas emporter dans ces groupes binaires, s'ils admettaient que chaque individu est plus ou moins membre d'un grand nombre de groupes. Il s'ensuit que chaque individu représente un cocktail complexe d'appartenances, et que toute paire d'individus prise au hasard présente un tableau complexes de convergences et de divergences. On ne peut certes nier les divergences, mais on peut tout de même refuser de ramenr la confrontation à une paire d'identité alignées ou opposées. 

Identité et diversité

De même que la richesse d'un biotope peut être évaluée aux nombre et à la diversité génétique des espèces qui le peuplent, la richesse de notre sociételle peut se mesurer à la diversité des pratiques humaines qui y sont entretenues: les langues, les philosophies, les religions, les rites, les habitudes, les jeux, les sports, les pratiques culinaires,... La liste est longue.

Or quel bilan nous offre la sociételle?

  • Le nombre de langues pratiquées diminue, les langues s'uniformisent par un mixage plus aliénant que fécondant. Des organismes rapportent qu'un nombre alarmant de langues sont en voie de disparition: plus personne ne sera en mesure d'en percevoir et d'en transmettre les notions spécifiques.
  • Les philosophies ne présentent plus d'intérêt que pour des cercles de plus en plus restreints de spécialistes, tandis que les masses sont tirées par la société consumériste à un matérialisme opportuniste et simpliste.
  • Les religions perdent du terrain - ce dont les athées pourraient se réjouir - mais surtout elles se déforment. D'un coté elles se simplifient et se schématisent, et les fidèles ne savent plus le lien entre les fondements de leurs religions et les pratiques qu'ils continuent à entretenir. S'il l'on pose à des chrétiens des questions basiques sur la nature de dieu, du diable, du péché, de la mort, de l'enfer et du paradis, les réponses sont évasives et laxistes: on dirait que tout fil conducteur a disparu. D'un autre coté, d'autres religions deviennent l'ancrage puissant d'individus en mal d'identité, et leur message simpliste et vindicatif s'éloigne complètement de leurs fondements. Ces religions ne sont plus facteur de diversité, mais d'uniformisation de groupes manipulables à des buts peu acceptables.
  • Il en est de même des rites, des habitudes, des pratiques culinaires, des jeux et des sports. Dans chaque cas, des organisation mondiales se fixent pour objectif des définir des standards planétaires, et de transformer les définitions de standards en business juteux. Les chaînes de fast-food, les célébrations sportives planétaires, les jeux en ligne sont des exemples de business énormes, dont les revenus s'appuient sur l'adoption universelle de modèles simples ou simplistes.

La sociételle souffre donc globalement d'une perte rapide de diversité. Quel voyageur n'a pas eu cette sinistre impression, en arrivant dans un aéroport lointain, de ne trouver sous des cieux nouveaux que des répliques systématiques de ce qui lui est proposé chez lui?

La diversité disparaît sous nos yeux de la sociételle. Ceci est vrai pour la diversité des individus d'une population. Et ceci est vrai (voir plus haut) au sein même de chaque individu, dont l'identité tend à être simplifiée, unique et exacerbée.